À l’initiative de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), une réflexion a été initiée au sein du groupe Biodiversité d’AllEnvi sur les questions soulevées par les nouvelles techniques de génie moléculaire comme CRISPR Cas-9.
Il n’aurait jamais été aussi simple d’effacer, de réécrire ou d’ajouter un gène. En plein développement, ces nouvelles techniques d’édition du génome et de forçage génétique (gene drive) reposent sur les outils CRISPR.
Entre espoir immense et principe de précaution
Les applications concernent aussi bien la médecine humaine que l’agriculture et les procédés industriels ou environnementaux. On nous promet la guérison de maladies génétiques, l’éradication de maladies à transmission vectorielle, des plantes possédant de nouveaux caractères ou des insectes génétiquement modifiés pour ne plus ravager des cultures… CRISPR offre des possibilités inouïes, mais soulève tout autant de questions éthiques majeures et de nombreuses incertitudes sur le possible impact environnemental de certains produits issus de la biologie de synthèse et des organismes génétiquement transformés par ces techniques.
Des impacts imprévisibles et difficilement mesurables
Face à ces questions cruciales, le groupe Biodiversité d’AllEnvi a entrepris une réflexion. Car modifier un gène peut impacter d’autres parties du génome, avantager la transmission du gène modifié dans les populations et avoir une incidence sur le fonctionnement des communautés écologiques en contact avec les organismes transformés. « Or, à ce jour, ces modifications sont non seulement imprévisibles, mais difficilement mesurables » prévient Jean-François Silvain, président de la FRB et co-animateur du groupe Biodiversité de l’alliance. « Il me parait nécessaire d’identifier rapidement les besoins de recherche permettant d’appréhender et d’anticiper les éventuels risques de l’utilisation massive de ces techniques sur le fonctionnement des communautés et des écosystèmes. »
Forçage génétique, un risque pour la biodiversité ?
Le forçage génétique assure la transmission d’une modification du génome à la descendance sans être soumis aux pressions sélectives. Si bien que c’est l’ensemble d’une population animale ou végétale qui peut se trouver transformée de manière irréversible. La biologie de synthèse a d’ailleurs été au cœur des débats de la Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique, fin 2016 à Cancún. Les choses se sont visiblement crispées entre les pays, voire au sein de différentes communautés. Deux blocs se sont donc affrontés : le premier essayant de pousser une approche internationale des risques présentés par la biologie de synthèse et le second camp, partisan de n’en entraver d’aucune façon le développement. Les premiers lâchers sur le terrain d’organismes ainsi modifiés semblent imminents dans certains pays. La science doit impérativement s’emparer de ces questions pour nourrir le débat qui ne fait que commencer.