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Une tribune collective à l’occasion de la COP15 signée des membres fondateurs d’AllEnvi

9 Déc 2021 | Actualités

publiée le 9 décembre dans le quotidien Les Echos

Nous devons protéger la biodiversité pour des raisons éthiques car elle possède une valeur intrinsèque que les humains ont l’obligation morale de respecter, soulignent les signataires de cette tribune, mais l’impérative protection de la biodiversité répond aussi à une motivation égoïste : notre survie !

Enfin ! Repoussée plusieurs fois en raison de la pandémie de Covid-19, la quinzième conférence des parties (COP) de la convention sur la diversité biologique (CDB) se tient jusqu’au 19 décembre 2022 à Montréal. Au cours de cette COP 15 Biodiversité les gouvernements des 196 Etats membres de la CDB finaliseront le nouveau cadre mondial pour la biodiversité post-2020. Celui-ci engagera les Etats signataires à prendre les mesures nécessaires pour préserver la biodiversité.

Transformation des écosystèmes, exploitation des ressources vivantes, changement climatique, pollutions… Ces phénomènes conduisent à une dégradation sans précédent de la biodiversité : érosion de la diversité génétique, déclin de l’abondance et extinction des espèces, altération du fonctionnement des écosystèmes… Nous devons protéger la biodiversité pour des raisons éthiques car elle possède une valeur intrinsèque que les humains ont l’obligation morale de respecter.

Juste répartition des efforts

Nous devons aussi la protéger parce que les sociétés humaines dépendent de la diversité biologique et écosystémique : nous ne pourrions vivre sans une foule d’autres organismes pour nous nourrir, pour digérer, pour respirer, pour nous protéger et nous soigner… L’impérative protection de la biodiversité répond à une motivation aussi égoïste : notre survie !

Mais il paraît illusoire de vouloir protéger la biodiversité sans plus d’égalité entre les pays et leurs habitants : faute d’une juste répartition des efforts et des contraintes, individus, groupes sociaux ou pays les moins avantagés peuvent être tentés d’exploiter davantage la biodiversité pour répondre aux urgences sociales et alimentaires.

Le cadre mondial vise donc aussi à mettre en place des dispositifs financiers permettant de garantir plus de justice entre les pays. Cela suppose un engagement croissant des pays les plus riches à participer au financement de la protection de la biodiversité dans les pays les plus pauvres.

Baisse des terres agricoles disponibles

Pour protéger la biodiversité, augmenter à l’échelle mondiale les aires protégées sur les continents et dans les océans semble une bonne idée. La superficie – au moins 30 % des surfaces terrestres – sera en négociation lors de la COP 15.

Pour être efficaces ces aires doivent imposer un niveau de protection suffisamment élevé et donc restreindre l’usage qui y est fait de la biodiversité. Cela peut poser des problèmes pour les populations des territoires concernés, en particulier par la diminution de la réserve de terres agricoles disponibles.

Une avancée du cadre mondial est la prise en compte des peuples autochtones, notamment ceux qui habitent les points chauds de biodiversité, comme la forêt amazonienne, qui vont devoir être protégés par des mesures spécifiques.

Une relation durable à la biodiversité

De manière générale, il faut mettre en place plus de mécanismes évitant de faire porter à d’autres les contraintes liées à la protection de la biodiversité. Certains pays apparaissent vertueux sur leur territoire tout en important massivement des denrées alimentaires, ou en achetant à l’étranger des terres agricoles.

Cela peut être considéré comme une forme d’accaparement des bénéfices de la biodiversité et conduire à la « déforestation importée ». Il est aussi primordial de s’engager à diminuer fortement les subventions qui, par les activités qu’elles facilitent, portent atteinte directement ou indirectement à la biodiversité.

Il faut trouver un point d’équilibre entre deux objectifs, en partie contradictoires : protéger la biodiversité et promouvoir son utilisation. Cela revient à rendre durable notre relation avec la biodiversité et implique que les sociétés humaines mettent rapidement en oeuvre de profondes transformations systémiques.

Coordonner les stratégies de gouvernance

Le prochain cadre mondial pour la biodiversité devra faciliter des actions efficaces dans ce sens, par exemple pousser à réduire très fortement notre consommation d’énergie et d’objets manufacturés et à transformer radicalement notre système alimentaire et agricole pour le rendre durable. Il devra aussi permettre de mieux coordonner les stratégies de gouvernance entre santé, agriculture et protection des environnements.

Tous les pays devront œuvrer à l’évolution de leurs systèmes économiques, sociaux et politiques pour enclencher une transformation profonde permettant d’arrêter de privilégier les bénéfices à court terme et de favoriser une plus grande égalité entre tous les humains.

La recherche et la formation doivent continuer à jouer un rôle important, en particulier en développant des actions interdisciplinaires et intersectorielles alliant sciences de la nature (écologie, sciences de l’univers…) et sciences humaines (économie, sociologie, anthropologie…) et associant tous les acteurs de la société pour imaginer et favoriser des trajectoires socioécologiques conduisant à une relation durable entre les humains et le reste de la planète.

Les membres fondateurs d’AllEnvi qui sont signataires de la tribune :

Philippe Baptiste, Président du CNES
Elisabeth Claverie de Saint-Martin, Présidente-Directrice Générale du CIRAD Raymond Cointe, Directeur Général de l’INERIS
Bruno David, Président du MNHN
François Houllier, Président-Directeur Général de l’IFREMER
François Jacq, Administrateur Général du CEA
Philippe Mauguin, Président-Directeur Général de l’INRAE
Antoine Petit, Président-Directeur général du CNRS
Michèle Rousseau, Présidente du BRGM
Virginie Schwarz, Présidente-Directrice Générale de METEO France
Manuel Tunon de Lara, Président de France Universités
Valérie Verdier, Présidente-Directrice Générale de l’IRD

Tribune collective

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