Le 26 novembre dernier, AllEnvi consultait les des porteurs d’enjeux dans le domaine de l’environnement. Représentants des ministères techniques, des agences, du secteur privé, des pôles de compétitivité, des instituts Carnot, des instituts techniques, des ONG et des associations ont pu exprimer leurs visions et attentes du monde de la recherche scientifique. Rencontre avec quatre participants d’horizons divers.
Valérie Archambault
Directrice d’Altran Research chez Altran
Présentez-nous Altran en quelques mots…
Valérie Archambault : Altran est une entreprise de conseil en innovation et ingénierie avancée. Altran Research est l’entité de recherche interne : un incubateur d’offres et d’outils, et un centre de compétences pour les équipes de consultants d’Altran.
Quelles étaient vos attentes de cette journée ?
V. A. : L’Etat consacre d’importants moyens pour la transition énergétique et le développement de solutions plus respectueuses de l’environnement. Pour nous assurer que ce qui est fait constitue un réel progrès, il faut faire le lien entre les spécialistes de l’environnement et les décideurs du secteur économique afin que ces derniers puissent intégrer les questions environnementales dans leur processus décisionnel.
Un exemple de besoin de recherche ?
V. A. : Pour que la promesse soit tenue, et que les solutions développées soient vraiment durables, la recherche doit fournir l’outillage d’évaluation environnementale. Un deuxième champ de recherche qui me semble capital : l’élaboration des modèles d’affaire innovants et économiquement viables.
Marie-Marguerite Bourbigot
En charge du domaine « Environnement et aménagement du littoral » au sein Pôle de compétitivité Mer Bretagne.
Présentez-nous le Pôle de compétitivité Mer Bretagne en quelques mots…
Marie-Marguerite Bourbigot : Le pôle Mer Bretagne réunit près de 350 acteurs du monde économique et académique de la région et les deux pôles Mer (Bretagne et Méditerranée) plus de 700 acteurs. Notre rôle est de faire émerger des projets innovants associant les centres de recherche et les industriels, avec pour ambition de développer durablement l’économie maritime et littorale. Entre les deux pôles Mer, nous comptabilisons plus d’un milliard d’euros de financement de projets de R&D depuis 2005.
Quelles étaient vos attentes de cette journée ?
M.-M. B : Ce genre de consultation nous aide à mettre en cohérence nos feuilles de route stratégique à la fois avec le monde économique et académique. On considère de plus en plus l’importance des collaborations entre mondes académiques et industriels pour développer et valider les nouveaux produits et services sur le terrain. Il s’agit souvent de négocier des règles du jeu en arbitrant entre des intérêts concurrents et de construire la légitimité des choix techniques, économiques et sociétaux. On souligne aussi la mise en place d’approches intégrées en particulier dès lors qu’il s’agit de gérer le continuum terre-mer.
Philippe Girardin
Président de la commission Biodiversité et gestion des espaces à la Fédération nationale des parcs naturels régionaux, et président du parc naturel régional des Ballons des Vosges.
Présentez-nous la Fédération des parcs régionaux de France en quelques mots…
Philippe Girardin : Les 48 parcs naturels régionaux (PNR) couvrent 14% du territoire français et rassemblent en sein de leurs équipe technique environ 1500 chargés de mission. Cette ingénierie territoriale ainsi que leur connaissance des acteurs de terrain fait des PNR des territoires privilégiés d’expérimentation pour la recherche environnementale.
Que retirez-vous de cette journée ?
P. G. : Deux éléments sont systématiquement revenus dans chacune des sessions : ils s’agit d’une part, des besoins en indicateurs, et, d’autre part des observatoires. Ces manquent pourraient êtres en partie être comblés par l’expertise de terrain regroupée dans les structures comme les PNR.
Un exemple de besoin de recherche ?
P. G. : Je trouve, par exemple, qu’il y a trop peu d’analyses réalisées pour savoir comment les populations et les acteurs d’un territoire vivent des changements et des innovations tel que Natura 2000 ou les réglementations relatives aux trames vertes et bleues.
Jacques Mathieu
Directeur général d’Arvalis-Institut du végétal
Présentez-nous Arvalis- Institut du végétal en quelques mots…
Jacques Mathieu : Arvalis est financé et managé par des professionnels des filières agricoles et agroalimentaires. Leurs besoins peuvent se résumer ainsi : » donnez- nous les moyens de conduire des systèmes de production à la fois performant, sobres et résilients. «
Quelles étaient vos attentes de cette journée ?
J.M : Nous avons déjà beaucoup de liens avec plusieurs centres de recherche. C’est donc important pour nous de donner notre point de vue quand il s’agit d’orientations et de programmation scientifique. Il nous semble, en outre, capital de resserrer les liens entre la recherche publique finalisée et la recherche appliquée car elles se nourrissent l’une l’autre.
Un exemple de besoin de recherche ?
J.M : Définir des critères pertinents pour caractériser un écosystème : activité biologique du sol, productivité, rendements, biodiversité, etc. C’est à mon avis un vrai chantier de recherche pour évaluer l’impact des pratiques agricoles sur un écosystème dans la durée.
Des consultations pour une programmation pluriannuelle de la recherche
Compte tenu des enjeux de la recherche environnementale, il a semblé nécessaire à AllEnvi de réfléchir dès maintenant à la mise en œuvre de la Stratégie nationale de recherche, au travers d’une programmation pluriannuelle de la recherche à partir de 2015. C’est dans cet objectif que l’alliance a défini une méthode de travail et un agenda destinés à préparer des propositions qu’elle a prévu de soumettre à l’Agence nationale de la recherche (ANR) en mai 2014.
Les fruits de cette journée de consultation compléteront en amont les réflexions des groupes thématiques et transversaux d’AllEnvi en vue d’élaborer une programmation pluriannuelle de la recherche environnementale. Cette démarche, par définition prospective, sera positionnée en continuité des propositions de l’alliance à la programmation 2014 de l’ANR.