Augustin Colette est membre du groupe Climat d’AllEnvi et responsable de l’unité Modélisation atmosphérique et cartographie environnementale de l’Ineris. Il revient sur les épisodes de pollution particulaire que l’hexagone vient de subir en décembre 2016 et janvier 2017.
Ces épisodes de pollution aux particules sont-ils de plus en plus fréquents ?
Augustin Colette : Il est difficile de répondre précisément faute de mesure disponible. On sait, en revanche, que le niveau moyen de pollution particulaire a baissé depuis une vingtaine d’années, même s’il reste préoccupant. 80 à 90 % des populations sont encore exposées à des taux supérieurs aux seuils recommandés par l’OMS dans les villes européennes. Et les impacts sanitaires demeurent très inquiétants avec, en France, 48 000 décès prématurés imputables à la pollution particulaire.
Quelles sont les principales causes d’émission de ces particules ?
A. C. : Ces épisodes de grande ampleur tels que ceux que l’on vient de vivre sont principalement imputables à à l’agriculture (en particulier l’élevage à cette saison), au trafic routier et au chauffage résidentiel. Il est difficile d’établir précisément la contribution de chaque secteur malgré les développements récents en termes de modèles de prévision et de mesures de chimie rapide (Aerosol Chemical Speciation Monitor).
Comment la recherche scientifique s’empare-t-elle de ces problématiques de pollution aux particules ?
A. C. : Les questions de recherche sont nombreuses ! Au niveau des processus, c’est sans doute la formation d’aérosols organiques secondaires qui mobilise le plus la communauté scientifique. Par exemple, les composés organiques semi-volatils sont émis par le trafic et le chauffage au bois et il est encore difficile de bien les représenter dans les modèles.
Il y a aussi des développements intéressants sur la métrologie des aérosols que ce soit en laboratoire ou sur le terrain, avec l’apparition d’outils de chimie rapide permettant de connaître en temps quasi réel la composition des aérosols.
Les impacts des aérosols sont aussi un domaine d’intérêt. Par exemple, leur contribution au forçage radiatif, et donc au changement climatique. Mais la question des impacts sanitaires n’est pas encore complètement réglée. S’il est possible d’estimer l’impact global des particules, on n’est pas encore capables de quantifier le rôle sanitaire de chaque composé (organique, inorganiques, poussières désertiques…). Cela peut freiner la définition de priorités dans les stratégies de gestion.
Expliquez-nous le rôle de la plateforme Prev’AIR dans laquelle vous êtes impliquée…
A. C. : Prev’AIR est la plateforme nationale de prévision de la qualité de l’air. Depuis 2003, elle diffuse quotidiennement des cartographies et des prévisions des concentrations de polluants atmosphériques réglementés, fruits de simulations numériques et d’observations recueillies sur le terrain.
Cette plateforme est l’une des composantes du dispositif français de surveillance et de gestion de la qualité de l’air, en complément des mesures de routine des Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (AASQA). Elle est développée et gérée au quotidien par l’Ineris, auquel s’associent Météo France, le CNRS et le LCSQA (Laboratoire central de surveillance de la qualité de l’air).
En 2017, les données de Prev’AIR vont être disponibles en open data pour une meilleure diffusion et aussi peut être de nouvelles utilisations.